Examen ACIDE

Les pluies acides dévastent la France, provoquant la panique et la mort. Et un père tente de protéger sa fille. La critique d'Acid par Federico Gironi.

Comme c'est curieux. Dans la première scène de Acideun film qui parle du changement climatique à travers une histoire familiale intime – ou peut-être au contraire, découvrez – Juste Philippot semble parler de tout autre chose. Acid s'ouvre sur des images tournées avec un smartphone, montrant la protestation agitée et quelque peu violente de certains travailleurs contre un employeur coupable de ne pas prêter suffisamment attention à la sécurité de ses salariés. Un début presque à la Brizé. Presque.
Bien sûr, c'est une scène qui sert à introduire et à raconter le personnage de Guillaume CanetMichal, le père de Selma (Patience Munchenbach) dans des relations quelque peu tendues avec l'ex Elise (Lætitia Dosch), amoureux de sa collègue Karine (Suliane Brahim) : qui est celui qui s'est blessé au travail, déclenchant l'attaque contre le patron pour laquelle Michal est en probation.
Mais en plus de cadrer Michal, sa situation personnelle et sa psychologie, la scène, à y regarder de plus près, sert également à étayer d'autres scènes ultérieures, dans lesquelles l'homme accuse sa fille de ne pas trop se soucier des causes sociales, et elle répond qu'il Au contraire, il ne se soucie pas suffisamment du changement climatique. Bref, il sert à montrer comment, même engagé, et engagé pour des causes justes et du XXe siècle, il est là. une génération qui ne voit pas l'apocalypse à laquelle elle est confrontée.
En fait, c'est ici Acide les enjeux reviennent sur le devant de la scène lorsqu'ils touchent également la France, comme dans d'autres régions du monde austral pluie acide. Fortement acide. Fortement acide. Capable de brûler, percer, détruire. Tuer. Et partout, Michal, avec Karin à l'hôpital, va devoir faire équipe avec son ex Elise pour sauver Selma. Et de là toute une autre série dramatique de vicissitudes dans lesquelles Michal devra user de la détermination même féroce manifestée au début du film pour protéger et défendre Selma.

Film catastrophe lié à l'actualité dramatique du climat fou, Acid reprend la formule assez réussie du premier film de Philippot, The Swarm, mêlant histoire familiale et intime à catastrophes naturelles. (ici les pluies acides, là les criquets qui se nourrissaient de sang) et sur fond de questions sociales importantes (là le sort des agriculteurs, ici bien plus encore, de l'égoïsme de la société aux différences entre générations évoquées plus haut).
Et encore une fois, plus encore que ce qui avait été montré à ses débuts, Philippot montre une prédilection particulière pour encadrer (enfin, et avec un certain goût) des figures humaines solitaires visuellement noyées par une nature majestueuse et en même temps effrayante..
Bien entendu, ces cieux plombés et menaçants font clairement référence à un autre film catastrophe, de bien plus grande envergure, qui racontait les tentatives désespérées d'un père pour sauver sa fille, la très sous-estimée La Guerre des mondes de Steven Spielberg. Et ce faisant, ils soulignent à quel point les limites de Acideainsi que dans une certaine rigidité quelque peu mécanique de l'écriture, le sont aussi dans son manque d'originalité.
Et pourtant, il faut admettre que Philippot est capable de utiliser le genre avec un flair d'auteur discretet que son envie de parler de sujets réels et concrets ne pénalise jamais les éléments les plus immédiats du film, sa capacité à raconter une histoire de liens familiaux, les émotions les plus élémentaires qu'il veut et parvient à susciter.
ET un cinéma conscient de ses propres moyens et de ceux du cinéma lui-mêmecelui de Philippot, dans lequel, comme dans ses clichés, l'élément humain est central, entouré de la force et de l'emprise du genre, de la tension, de l'image. Et ni l’un ni l’autre, élément humain et élément cinématographique, ne finissent jamais par être écrasés ou affaiblis par les thèmes. Que ce soit environnemental ou social.